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Tête Songye, République démocratique du Congo

Bois

9 4/5 x 7 1/2 in. (25 x 19 cm)

2021.1.14

Selon une analyse stylistique, cette tête proviendrait très probablement d’un nkishi (pl. mankishi), un objet magique de la culture Songye. Le visage présente des traits délicats, avec des yeux mi-clos en forme de demi-cercle, et la tête arbore la forme en V caractéristique des sculptures Songye, brisée par une ligne horizontale courte au niveau du menton. La bouche est ouverte, comme l’a décrit Dunja Hersak, historienne de l’art et spécialiste des Songye: 'De nombreux mankishi ont souvent la bouche ouverte, avec des lèvres pincées et expressives, comme pour souligner leur altérité non humaine.' (Hersak 2010, p. 42)

Les mankishi de grande taille jouaient un rôle central dans la vie des communautés Songye, réparties sur une vaste région du centre-est de la République Démocratique du Congo. Les Songye partagent des liens linguistiques et culturels étroits avec leurs voisins, les Luba. Cependant, contrairement aux nombreuses sculptures prestigieuses des Luba, les figures Songye n’étaient pas des symboles de pouvoir, mais des objets personnels destinés à la protection, à la guérison et à des fins thérapeutiques. Il existait deux types distincts de mankishi: les petites figures personnelles et celles destinées à une communauté entière, généralement un village, et utilisées sur plusieurs générations (Hersak 1995). Les mankishi communautaires, comme celui-ci, étaient de grande taille et souvent anthropomorphes, atteignant parfois un mètre de hauteur.

L’élément clé de tous les mankishi réside dans leur contenu, appelé bishimba, c’est-à-dire des 'médicaments magiques composés de substances naturelles, assemblées par le nganga ou devin/guérisseur, dans le but d’activer des forces spirituelles selon des rituels spécifiques.' (Hersak 2010, p. 40) Ces mankishi étaient commandés par le chef et les anciens pour prévenir les épidémies et la stérilité. Ils étaient sculptés par des spécialistes respectés et remplis de diverses substances, assemblées selon les préférences et l’expérience du nganga, créateur de l’objet.

Ces figures occupaient une place stratégique et bien visible dans le village. Une structure dédiée, souvent érigée au cœur du village ou à proximité de la maison du chef, servait de demeure à une communauté de nkishi, bien qu’ils soient fréquemment dissimulés à la vue derrière des enclos spécifiques. (Hersak 2010, 40-42; Biebuyck 1999, 283; Petridis 2008, 85)

Biebuyck, Daniel, and Frank Herreman. “Central Africa.” In Africa. The Art of a Continent, edited by Tom Phillips, 283-84. Munich/London/New York: Prestel, 1999.

Hersak, Dunja. “Cats. 143-47. Nkishi beeld.” In Schatten uit het Afrika-Museum Tervuren, edited by Gustaaf Verswijver et al., 345-347. Tervuren: Koninklijk Museum voor Midden-Afrika, 1995.

Hersak, Dunja. 2010. "Reviewing power, process, and statement: the case of Songye figures". African Arts 43, no. 2 (summer 2010): 38-51.

Petridis, Constantine. Art and Power in the Central African Savanna. Cleveland, Ohio/Brussels: The Cleveland Museum of Art/Mercatorfonds, 2008.